Svalbard | Barentsburg - un petit bout de Russie perdu au Svalbard

 Barentsburg est une ville minière. Exploitée dans les années 1920's par les Hollandais (d'où son nom), ceux-ci revendirent la mine aux Russes en 1932, qui l'exploitent depuis. Il reste très peu de traces de la présence hollandaise, la ville ayant été détruite pendant la seconde guerre mondiale. Seul un bâtiment a survécu, mais il semble tomber en ruines. La ville a connu une époque florissante pendant l'ère soviétique, période pendant laquelle plus de mille habitants vivaient à Barentsburg (contre deux ou trois centaines aujourd'hui) et pendant laquelle la Russie exploitait une autre mine plus au Nord dans l'Isfjord, à Pyramiden. Il y avait même des courses de ski entre les deux villes, une ferme avec bovins et serre avec légumes, une piscine olympique à l'eau de mer, une grande salle de concerts et un centre multisports. Aujourd'hui, la piscine est à sec, les skis servent de décoration dans l'unique bar de la ville (mais où les gens se déplacent depuis Longyearbyen en hiver parait-il), les derniers bovins ont été digérés depuis bien longtemps, les serres sont aussi vides de légumes que Pyramiden d'habitants (la mine a fermé en 1998 et c'est depuis une ville fantôme) et les installations de Barentsburg semblent démesurément grandes par rapport au nombre d'habitants qui y vivent. Barentsburg est peuplée de Russes et d'Ukrainiens (les Ukrainiens ayant des spécialistes des mines  de charbon de ce type). Une cinquantaine d'Ukrainiens a récemment quitté la ville, suite à la guerre. Les quelques manifestations contre la guerre (posters collés sur le consulat russe) ont été étouffées. Le charbon s'entasse sur le rivage - les exportations vers le nord de l'Europe ont cessé (sanction) et un tiers du charbon seulement est utilisé localement. La plupart des bateaux de touristes boycottent Barentsburg (sanction). La ville est financièrement déficitaire et renflouée par Moscou, qui cherche à garder un pied au Svalbard (plus par intérêt géopolitique qu'économique). Les travaux (piscine, bâtiments) sont reportés aux calendes grecques. Quelques chercheurs sont basés à Barentsburg et on peut se demander si, dans quelques années, Barentsburg deviendra plutôt comme Pyramiden (ville fantôme), ou Ny Alesund (ville de sciences)...

Nous y amarrons Mamoot un matin, et partons sillonner les routes charbonneuses de la ville. C'est avec un peu de trac et beaucoup d'émotion que Guénola s'essaie au russe, après avoir ressassé pendant des mois quelques phrases glanées dans l'Assimil, mais jamais articulées face à un(e) russophone. Le monologue intérieur se transforme en dialogue au prix d'effort et de concentration gigantesques (et de beaucoup de patience de la part des interlocuteurs russophones). Nous nous décrassons au sauna, nous repaissons à la cantine et au bar de l'ours rouge, nous faisons guider dans la ville par un Russe (de Sibérie et arrivé après nous au Svalbard, nous l'apprenons au cours de la visite…mais c'était quand même très intéressant d'entendre parler de la Russie actuelle, au-delà des informations liées à Barentsburg), achetons "confettis" (bonbons russes) et "compote" (fruits séchés à boire en décoction) au magasin local et partageons histoires de mer et de terre avec nos voisins de ponton. 



Lénine nous accueille devant les "gratte-ciels" du Svalbard, construits dans les années 1970's et qui font toujours la fierté de la ville

Le bar de l'ours rouge, centre névralgique de la ville (et peut-être même de l'Isfjord!)

La cantine de la ville, décorée d'images traditionnelles russes et à la cuisine qui sent bon l'aneth.

Le tas de charbon qui grossit, grossit, grossit...faute de débouchés commerciaux 


D'anciennes maisons de mineurs, à l'abandon


Un joli navire soviétique qui ressemble à la "voiture du futur" du passé. On aurait aimé le voir à flots pour voir à l'œuvre ce curieux système de propulsion


Logo de la société d'état Artikugol qui gère la ville de Barentsburg

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

France | La Rochelle nous voilà !

Mamoot, le voilier

Norvège | Toujours plus de sud : Alesund, Bergen, et des dédales de fjord