Svalbard | Un mamoot chez les guillemots (et chez les autres animaux)


 "It is impossible to be an invisible tourist - but we do appreciate if you're trying"

Ainsi s'achèvent les consignes à l'attention des touristes qui s'aventurent au Svalbard. Territoire vulnérable où les humains ont par le passé laissé des empruntes sanglantes et des ossuaires nombreux, nous sommes invités à observer de loin les habitants de ces contrées des autres espèces. Quelques photos de ces rencontres parfois discrètes, toujours mémorables.


Les guillemots ressemblent à des petits pingouins : une robe élégante noire et blanche. Ils se baladent souvent par petits groupes (3 - 5 individus).

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Les mergules (2 premières photos) et les macareux (2 suivantes) ricochent au décollage et semblent battre frénétiquement des ailes en vol stationnaire (on ne les a pas vus planer et on se demande comment ils parcourent de si longues distances lors de leurs migrations, et au prix de quelle énergie).

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Les fulmars sont taillés pour le grand large, on les aperçoit très loin des côtes et ils nous ont accompagnés tout le long de nos traversées. Ils frôlent le creux des vagues et s'élèvent aussitôt, portés par le courant d'air ascendant créé par la houle.

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Les sternes arctiques sont impressionnantes par la distance qu'elles parcourent entre deux saisons: elles passent l'été en Arctique, et l'hiver en Antarctique, soit un trajet de 17 000 km ! Et elles paraissent si frêles et si menues... Elles attaquent de manière préventive tout intrus qui s'approcherait trop près de leurs nids (que l'on ne perçoit que par les cris des sternes). Elles effectuent alors des piqués sur les intrus en question, et là, gare à la tête ! mieux vaut être équipé d'une bonne capuche. Elles semblent utiliser la même technique de piqué pour aller pêcher, avec une cible et un terrain un peu différent.

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Les labes parasites sont des oiseaux étonnants : plutôt que de pêcher eux-même leur pitance, ils préfèrent prendre en chasse des oiseaux venant de pêcher, et les poursuivre jusqu'à ce que ceux-ci vomissent leur repas, par la suite ingurgités par les labes... Cela donne lieu à des courses poursuites de haute voltige à vous donner le tournis.

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La mouette  tridactyle est reconnaissable grâce aux extrémités noires de ses ailes et à son cri caractéristique qui lui a donné son nom anglais "kitiwake". 

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Les oies de bernache - il y en a plein au Svalbard, et leur population augmente.

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Les canards eiders sont prisés pour leurs duvets (c'était un des "produits" recherchés par les trappeurs). Les nids des canards eiders sont constitués à partir du duvet des femelle, et c'est là que la récolte se fait. Le mot "édredon" viendrait de l'anglais "eider down" (littéralement "duvet d'eider").

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Les dauphins surfent sur la vague d'étrave. On dirait qu'ils aiment le soleil, on les a principalement aperçu par beau temps.

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Les baleines font des "splash" sur l'eau. Ce serait leur manière de communiquer entre elles. Victimes d'une chasse intensive qui a mené à la quasi-extinction de certaines espèces, elles paraissent assez timides aujourd'hui et on les aperçoit plutôt de loin. Nous n'avons réussi qu'à capter l'écume résultant du "splash" et non l'envol (cette photo n'est donc pas de nous)

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Une exception - quand les marins dorment, les belugas dansent (autour de Mamoot) : c'est ce que l'on apprendra à notre retour à Tromso, croisant un équipage anglais qui mouillait dans le même fjord que nous et qui a tenté de nous prévenir à la VHF qu'une dizaine de belugas nous tournaient autour. Peine perdue, la VHF était éteinte et/ou notre sommeil trop profond. (photo internet)

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Les phoques sont des animaux impressionnants : ils peuvent plonger jusqu'à 300 m et rester sous l'eau 30 minutes ! On a du mal à s'imaginer ces performances quand on les observe lézarder sur la plage au soleil… D'ailleurs, à terre, ils semblent assez vulnérables et constituent des mets de choix pour ours et humains qui s'en délectent. 

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Les morses, qui font partie de la famille des phoques, ont également été victimes d'une chasse intensive, pour  leur graisse et leurs "grandes dents". Nous avons eu la chance d'en croiser d'assez proche, dans des zones de hauts-fonds. Alors que je m'apprête à changer de cap, j'aperçois à une longueur de bateau deux masses marrons et lisses, comme deux beaux galets énormes à fleur d'eau. Je demande à Anne, à la cartographie, si ces cailloux étaient cartographiés. L'un des "galet" lève alors la tête : c'était un gros morse qui pataugeait sur le ventre. Nos regards, tous les deux plein de surprise, se croisent. Le temps qu'Anne saisisse son appareil, la rencontre touchait déjà à sa fin et notre ami morse repartait à la nage…

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Les cabillauds (cod) sont des poissons qui peuvent atteindre jusqu'à 1,90 m de longueur. Principale richesse de la Norvège avant que le pétrole ne soit découvert dans ses eaux territoriales, la Norvège en a exporté notamment en Afrique et au Portugal. Les filets sont souvent séchés et salés pour une meilleure conservation (on parle alors de morue/ clipfish / stockfish). Dans le Nord de la Norvège, on trouve de nombreuses structures de séchage et des villages entiers sentent parfois le poisson séché. Plus l'eau est froide, plus elle est oxygénée et pleine de vie : nous avons pêché à l'île aux ours nos plus belles morues.

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Les rennes du Svalbard sont plus trapus (plus courts sur pattes) que leurs confrères du continent, parait-il. Ils vivent surtout dans les vallées et ne semblent pas très farouches. Ils se laissent approcher à quelques mètres. Ils sont nombreux.

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Petit renard arctique, habitué de la station de recherche polonaise à Hornsund. Le seul que l'on ait croisé.

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L'ours polaire est le dernier maillon de la chaine alimentaire (le mangeur, pas le mangé - quoique sa viande était parfois mangée par les trappeurs). Jusqu'à 3 m et 600 kg, et doué dans toutes les disciplines (grimpe, course, nage), il bat l'humain à plate couture. L'humain n'est pas son plat de prédilection, mais si le phoque ou le renne viennent à manquer, cela peut être un plat de second choix. En cas de rencontre surprise ou d'un sentiment de danger pour sa portée, il peut également avoir un comportement défensif dangereux pour l'homme. C'est pourquoi les humains se déplacent armés (calibre minimum prescrit par le gouverneur, dont l'équipe vérifie parfois sur le terrain que les papiers de l'arme sont à jour). L'ours fût la cible des trappeurs, pour sa peau et sans doute aussi pour l'exploit de sortir gagnant d'un combat contre l'ours (quoique certains pièges évitaient toute confrontation : une boite contenant un fusil chargé, un leurre alléchant relié à la gâchette, et le coup qui part quand l'ours gourmant s'en approche…). Aujourd'hui, c'est un animal protégé, il ne faut tirer sur lui qu'en ultime recours et tout meurtre d'un ours mène à l'ouverture d'une enquête. Nous n'avons pas vu l'ours. Peut-être nous a-t-il vu, lui, se demandant comment un mammouth turquoise était parvenu à ressusciter après quelques millénaires d'extinction ?  Son ombre aura plané sur notre voyage, animé nos rêves et nos discussions, pesé sur nos épaules (fusil) et gardé nos sens à l'affût.

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La plupart des photos sont d'Anne. Quelques unes de Philippe et d'autres d'internet.





































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