Svalbard | La traversée - sur les pas de Barents

 Après quelques jours de soleil, de randonnées et d'observation de notre moteur inboard (qui s'est bien comporté, ouf), une nouvelle fenêtre météo propice à une traversée vers le Svalbard s'ouvre à nous. Nous partons donc de Torsvag le 7 juillet, d'abord au moteur pour les premières heures de la traversée, car la houle est assez forte et un peu destructurée et le vent pas assez soutenu pour appuyer Mamoot dans ce contexte. 

On se met très vite à faire des quarts qui rythmeront nos quatre jours de traversée : nous gérons le bateau par  "binômes tournants" et dormons sur les bannettes laissées chaudes par l'équipier que l'on relaie (on ne peut pas dormir à l'avant en navigation, c'est trop inconfortable car l'amplitude des mouvements du bateau y est plus importante - on préfère utiliser le carré et la couchette arrière). La journée d'un équipier est donc structurée comme suit : 6h pour la gestion du bateau, 6h de dodo (ou autre) et on recommence. Les 3 premières heures de quart s'effectuent avec un équipier (debout depuis 3 heures lui, et qui peut donc transmettre les informations du quart précédent), et les 3 dernières avec un autre équipier (qui transmettra les informations au quatrième). C'est pratique car on prend toujours ses quarts à la même heure, du soir ou du matin, et l'organisme prend vite le pli. Comme il fait toujours jour, il est par contre parfois difficile de se rappeler si c'est le soir ou le matin, la nuit ou le jour.

Organisation des quarts (ça marche tellement bien qu'on gardera ce schéma pour les traversées suivantes)

Les informations de position, vent, pression, visibilité, vitesse, voiles/moteur sont consignées toutes les heures dans le livre de bord, ce qui permet également de se mettre à jour sur ce qui s'est passé pendant son sommeil et peut s'avérer très utile en cas de panne des instruments de navigation à bord (cela ne nous est encore jamais arrivé, mais il faut y être préparé, surtout en navigation hauturière). 

Pour ce qui est des repas, on ne mange pas trop mal à bord: on arrive à cuisiner au moins une fois par jour s'il n'y a pas trop de gîte (la marmite est sur balancelle, mais pas la planche à découper - on observe une limite d'adhérence des oignons ou autre à partir d'un certain angle de gîte qui les amène invariablement par terre...). Le reste du temps, c'est tartines. 

La photo aplatit un peu les angles mais là, ça commence à giter un peu trop pour la grande gastronomie. 

Au menu, sur Mamoot

Pendant les quarts, c'est la plupart du temps le pilote automatique qui barre donc les équipiers sont à la veille et au réglage des voiles, ce qui laisse pas mal de temps et de cerveau disponible pour bouquiner, écouter des podcasts, scruter la mer à la recherche d'animaux marins, etc. Les fulmars nous accompagnent tout au long de notre traversée, profitant des courants d'air ascendants créés par la houle. Quelques dauphins s'amusent parfois à surfer la vague d'étrave de Mamoot et c'est toujours un plaisir de les observer. Le vent est très variable mais jamais très fort (max 25 nœuds) et souvent trop faible pour marcher à la voile (environ 30h de moteur sur la traversée). Il ne fait même pas trop humide (à part quand le brouillard nous enveloppe, et là, même s'il ne pleut pas, tout se met à goutter à l'extérieur), il fait même tout à fait beau pendant une journée entière (cela mérite d'être souligné). 


un des nombreux fulmars qui croisent notre chemin pendant la traversée

visite d'un dauphin

Quart en charentaises à l'abris de la capote

Nous guettons avec impatience les côtes de la pointe Sud du Svalbard le dernier jour de notre navigation mais celle-ci garde son mystère dans son manteau de brouillard : on ne voit rien. On ne voit même pas à 2 milles nautiques devant nous, et c'est seulement quand nous nous apprêtons à rentrer dans le fjord de Bellsund que le profil de ces "côtes froides" (traduction littérale de "Svalbard") se dessinent enfin. Ca y est, nous y sommes.

Ici, la visibilité est bonne...
…Là, un peu moins. On ne distingue même pas la ligne d'horizon; on guette la présence d'autres bateaux à l'AIS (on croisera juste un bateau de pêche russe) et on allume le radar (qui nous informe de la présence de "trucs durs" autour de nous -bateaux, container, glace, côte…)


Photos de Philippe (sauf les deux un peu moches de menu et de quarts :-)) 

Commentaires

  1. Merci de nous faire partager tout ça ! Je veux des photos de la pièce montée ^^
    Véro

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    1. ahah, malheureusement ce plat est resté au stade de projet dans la tête de Valère :-)

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