Svalbard | H2O, avec ou sans NaCl (T<-1,7°C ou 0°C)
Les Inuits (peuple autochtone de l'Arctique) ont 40 mots pour désigner la glace. Il faut dire qu'en Arctique, il y en a une grande variété. Avec ou sans sel, de différents gabarits et d'âges variés.
Dans la glace de mer (mer qui gèle à -1,7°C), ou banquise, on distingue celle qui se forme tous les ans, d'une épaisseur d'un mètre environ, et celle qui est permanente et plus épaisse. Cette dernière forme des plaques ("floes") qui rentrent parfois en collision les unes avec les autres, formant des crêtes ("hummocks") - rendant la progression à ski ou en traineaux particulièrement difficile. Sous l'effet de la rotation de la terre et de courants océaniques, la banquise dérive, et c'est sur cette dérive que comptait l'explorateur norvégien Fridtjof Nansen pour atteindre le Pôle Nord, après que son voilier d'expédition FRAM ait été pris dans les glaces. Il y a à peu près 15 millions de km2 de glace en hiver et environ un tiers subsiste à la fin de l'été.
Côté non salé, il y a les glaciers, qui, en vêlant, donnent naissance aux icebergs. La neige s'amasse au sommet des montagnes, celle qui ne fond pas d'année en année se compacte et sous l'effet du poids de la glace et de la pente de la montagne, la glace descend progressivement tel un tapis roulant, emmenant parfois avec elle des petits bouts de montagne (la moraine). En fin de course, dans un craquement retentissant, des bouts de glace sont libérés. C'est le vêlement du glacier. Les icebergs ainsi produits ont différentes teintes, parfois d'un bleu intense. Plus c'est bleu, plus c'est vieux - les bulles d'air sont chassées avec l'âge, la glace étant compactée sous la glace et la neige plus jeunes. A l'oreille, quand on navigue au milieu de ces petits bouts de glaçons, ça frémit en libérant les bulles d'air, c'est très agréable. Les vidéos ci-dessous tentent de restituer cette ambiance.
Disgression non glacée: au Svalbard, seuls deux ports que nous visitons sont équipés d'eau courante sur les pontons (Longyearbyen et Ny Alesund). Malgré une optimisation drastique de l'utilisation de l'eau douce à bord (vaisselle à l'eau de mer, cuisine en partie à l'eau de mer - 3,5L d'eau douce utilisée par jour et par personne), nos bâches à eau sont insuffisamment pleines pour le retour (nous avons à bord deux bâches à eau, de 100 et 160 L, ainsi que quelques bouteilles et deux bidons de 20 L. Au dernier remplissage, nous logeons une énorme bulle d'air dans l'un et l'autre se déverse dans les fonds…), nous essayons donc de goûter quelques glaçons, qui s'avèrent étrangement "plats" (non minéralisés) et un peu salés (aspergés d'eau de mer). Nous nous rabattrons donc sur une cascade, dont la chute est repérée à la jumelle et l'estuaire débusqué en annexe. L'aventure!
Transfert périlleux d'un bout de glaçon, que l'on espère boire. Mais il est finalement un peu trop salé. |
trop salé pour être bu, mais parfait pour agrémenter vodka et cornichons malassols! A votre santé! (il parait que c'est la photo classique de ces latitudes…) |
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