Royaume-Uni | Au carrefour entre l'Amérique, l'Ecosse et la Scandinavie : les Shetlands !

Difficile de prendre le temps d'écrire quand le paysage est si beau et la connexion si mauvaise. C'était le cas aux Shetland, où nous avons passé les dix derniers jours, entre randonnées à pied et navigation. 

Les Shetland, c'est un archipel d'une centaine d'îles, qui fait aujourd'hui partie de l'Ecosse, mais il n'en a pas toujours été ainsi. Il y a 500 millions d'années, les Shetland faisaient partie d'un super continent, le "Laurentia", qui regroupait entre autres un bout d'Amérique et la Norvège. 200 millions d'années plus tard, la Norvège faisait sécession, ouvrant la mer du Nord où s'engouffraient des kilomètres de sédiments (qui ont donné naissance aux gisement de pétrole aujourd'hui exploités en mer du Nord). Puis ce fut au tour de l'océan Atlantique de s'ouvrir (il y a 60 millions d'années) laissant les Shetland isolés. Une période glacière et une fonte des glaces plus tard, l'eau monte et inonde les vallées (ces espaces maritimes gagnés sur la terre portent maintenant le nom de "voe"), morcelant le territoire qui devient archipel. Cette histoire géologique se lit dans les roches qui composent l'archipel, très différentes d'une île à l'autre, et parfois très proches de ces anciens lointains voisins. 

Culturellement, les Shetland ont longtemps fait partie du royaume danois (qui englobait à cette époque la Norvège et la Suède) - la langue et l'architecture locales en témoignent encore. Au XVe siècle, le monarque danois hypothèque cette partie de son royaume, ainsi que les Orcades, à la faveur du roi d' Ecosse, à qui il marie sa fille (les Shetland et les Orcades constituent sa dot - jusqu'à éventuel solde de l'hypothèque). Mais le Danemark ne parviendra pas à "racheter" les Shetland, et ceux-ci restent sous couronne écossaise, puis britannique. Pendant la seconde guerre mondiale, le "Shetland bus" a ravivé les connexions entre Shetland et Norvège : sous ce nom, de nombreux bateaux, souvent de pêche, ont traversé entre les Shetland et la Norvège, souvent dans des conditions très difficile pour ne pas se faire repérer par les allemands (nuit noire et mer formée), pour amener équipements vers la Norvège occupée et exfiltrer des civils vers les Shetland.

Notre premier atterrissage aux Shetland nous amène à Fair Isle, l'île la plus au Sud des Shetland, peuplée de 50 humains, 5000 moutons et d'innombrables colonies d'oiseaux. Amarrés dans la partie Nord de  l'île, nous n'y verrons que peu d'humains, mais croisons une française installée sur l'île pour y faire du tricot (Fair Isle est très renommée pour ses ouvrages en laine) et ses parents en visite. Nous apprenons que les habitants, peu nombreux, s'organisent dans une sorte de communauté, chacun d'entre eux assurant plusieurs missions sur l'île (garde côte, pompier, maçon, éboueur, berger...).

du lichen et un tout petit bout de granit rose - Fair Isle

encore du lichen - c'est tellement beau que je n'ai pas pu me résoudre à choisir une seule photo - toujours à Fair Isle

Des petites touffes de végétation bordent la falaise - c'est là que nichent les macareux (les autres oiseaux préfèrent les falaises) - Fair Isle 

Deux petits agneaux sauvages qui semblent avoir été abandonnés par leurs mères respectives. A l'époque des agnelages, les habitants de Fair Isle sillonnent l'île pour s'occuper de ces agneaux abandonnés (bon, pour les "utiliser" ensuite)

Nous repartons le lendemain pour Lerwick, la capitale des Shetland qui devient notre QG pour quelques jours.
Au club nautique de Lerwick (où nous prenons notre douche et captons quelques brides de wifi. le bar n'est pas souvent ouvert)
une petite plage à Lerwick. Au loin on aperçoit l'île de Bressay

l'île de Bressay, depuis Lerwick

Quand on s'éloigne un peu de Lerwick, dans la lumière du soir

idem

Scalloway, de l'autre côté de  l'île à Mainland (àl'ouest) par rapport à Lerwick, est l'ancienne capitale des Shetland

Nous laissons Mamoot dans le port bien abrité pour explorer la partie nord-ouest du Mainland (Hillswick, Eshaness) où nous marchons quelques jours avec tente et sacs à dos. Cela fait beaucoup de bien de marcher, les vues sont époustouflantes (des falaises, du soleil, des oiseaux dont on ne se lasse pas d'admirer les vols entre les falaises sur lesquelles ils ont élu domicile et la mer) et nous avons l'impression d'être seuls au monde (hormis les moutons, nombreux, leurs paires d'yeux toujours tournées vers nous quand nous passons) et les oiseaux (fous de bassan, fulmars, macareux, guillemots, sternes...).

Très peu d'arbres sur les îles des Shetlands. Il y en aurait eu, dans le temps, mais auraient été coupés pour répondre aux besoins des humains alors que les jeunes plants faisaient le bonheur des moutons - ainsi, pas de régénération naturelle...

Vue sur le phare aux environs d'Hillswick. Sur la droite, on aperçoit une sorte de main courante (pour trouver son chemin dans le brouillard?)

Toujours aux environs d'Hillswick

Notre premier bivouac. Seuls sous la lumière dorée de fin de journée. Les moutons ont choisi d'aller voir ailleurs si l'herbe était plus verte.

une bande de phoques (seals) prenant un bain de soleil, observés au monoculaire

Entre Hillswick et Eshaness



Squelette d'oiseaux. On n'en trouve beaucoup sur notre chemin (ainsi que des os de moutons), souvent bien nettoyés par les charognards comme les skuas. C'est assez curieux et assez fascinant de croiser autant de squelettes, et une bonne leçon d'anatomie

Vers Braewick, un cordon de galets relie deux morceaux de terre. En-dessous de la couche de mousse, la tourbe ("peat"), qui permet aux islois de se chauffer

Ici se trouvait au XXe siècle un des plus importants ports de pêche des Shetland. Les pêcheurs utilisaient de petites embarcations non pontées (sans cabine) à rame, et allaient pêcher jusqu'à 65 km des côtes ! la mer est parfois très rude dans les environs, et les courants forts. Nous sommes plein de respect pour ces marins du siècle passé...

Notre bivouac du second soir 

Eshaness

Un bélier pas trop mal conservé (il manquait tout de même quelques morceaux)

Nous prenons ensuite du Nord avec Mamoot et passons à Whalsay et Yell (très chouette, une belle rencontre d'un randonneur passionné et passionnant), dernière étape avant notre traversée vers la Norvège.

A Yell, poney des Shetland(nous n'en avons pas croisé beaucoup)

Derrière le lichen, Mamoot, à Yell









Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

France | La Rochelle nous voilà !

Mamoot, le voilier

Norvège | Toujours plus de sud : Alesund, Bergen, et des dédales de fjord